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François Disle - Pour un art brut !
Ce constat relève presque du militantisme tant François Disle affiche clairement ses intentions d'en découdre avec la couleur et les supports les plus inattendus qui la reçoivent. Natif de Troyes en Champagne comme son ami Denis Herbillon que le public seynois connaît bien, François Disle a rapidement compris que la lumière varoise deviendrait sa plus sûre alliée dans sa quête plastique. N'ayons crainte des mots : cet artiste est boulimique et l'assaut qu'il donne envers les objets en témoigne. Tout y passe, les ustensiles de cuisine, les casques de moto, les fenêtres, les volets, les tables, les malles, les valises...ou encore les extincteurs qui pour le coup ne parviennent plus à maîtriser l'incendie chromatique. L'évidence saute alors aux yeux, de quête à conquête il n'y a qu'un pas, que le peintre nous aide à franchir allègrement. Et si François Disle était un guerrier d'un genre nouveau, sorte de traduction poétique du chevalier Quichotte qui traque sans retenue l'inaccessible étoile ? Son parcours artistique rend compte en effet d'une belle curiosité. Après des enseignements (peinture et sculpture) suivis à l'Ecole des Beaux Arts et des cours de dorure à l'ancienne, l'artiste débute son oeuvre dans les années soixante dix avec des huiles sur toile représentant des natures mortes et des paysages marins. En 1985, il change son pinceau d'épaule pour intégrer la technique de l'acrylique qu'il applique sur du carton. Au début des années quatre-vingt dix, c'est le François Disle d'aujourd'hui qui commence sa recherche de l'insolite sans le vouloir. En effet, l'artiste récupère différents matériaux qu'il manipule pour mieux se les approprier. Pénètre alors dans son atelier une joyeuse cohorte de valises, disques vinyles, cd rom, boites en fer, en carton, en bois, bidons métalliques, tuiles que rejoindront au milieu de la décennie des oeuvres sur toile à matelas ou de sacs postaux. L'artiste précise : " je peins pour m'amuser et je n'ai pas la prétention d'être un professionnel. Ma peinture est instinctive. Je ne passe pas dix ans, ni quelques semaines et encore moins une journée sur un de mes tableaux. Je le fais sur un coup de tête ". Cet apparente désinvolture ne doit pourtant pas cacher un véritable engagement car il s'agit de trouver tous ces supports avant de les faire naître une seconde fois. Ensuite, la mise en couleurs s'effectue presque naturellement : rouge sang, bleu électrique, jaune citron, vert claquant ses effets au nez et à la barbe du spectre de la lumière. Des personnages qui font la grimace aux visages clownesques, François Disle travaille selon deux thèmes favoris : le divertissement et la foule. Drôle, l'homme l'est assurément. Audacieux, également, puisque tous les objets se sentent concernés par cet activiste bouillonnant. Plaisir des yeux et jubilation, la peinture de François Disle est optimiste, populaire, revigorante et invite le public à la grande fête de la vie.
Jean-Christophe Vila
"texte accompagnant l'exposition François Disle "Un hiver, des couleurs"
qui s'est tenue du 2 fevrier au 25 fevrier 2006, dans les Galeries du Fort Napoléon, La Seyne sur Mer"